Histoire et grands noms du breakdance aux Halles

Les Halles de Paris prennent une place centrale dans l’histoire du breaking français. C’est tout simplement l’un des lieux qui a vu la naissance de cette danse venue des États-Unis en France. Bon nombre de breakdancers locaux s’y sont côtoyés, dont une bonne partie des grands noms de la discipline. Retour sur l’histoire du breakdance français et présentation de ses illustres personnages.

Débuts timides du breakdance en France

Le breaking ou breakdance ou encore b-boying est un style de danse aux figures acrobatiques. Il s’est popularisé dans les années 70 dans le Bronx, aux Etats-Unis. Quant à ses origines exactes, les spécialistes estiment qu’il s’agit certainement d’un dérivé d’une danse nigériane datant des années 50.

Ce dernier est arrivé en France aux débuts des années 80. Historiquement, Niko Noki figure parmi les piliers de la culture hip-hop française de cette époque. Il découvre le breakdance en 1982 via l’émission télévisée Mégahertz. Le jeune homme se met alors immédiatement à s’essayer à cette danse dans son appartement.

Dès l’année suivante, il prend la décision de trouver un autre lieu pour réaliser ses figures et choisit les Halles de Paris. Niko Noki est alors tout seul à se mouvoir au sol sur une dalle en marbre du forum parisien. Peu à peu, le mouvement se démocratise auprès des jeunes via notamment l’émission H.I.P H.O.P.

Malheureusement, le programme animé par Sidney ne dure que 8 mois et l’engouement autour du breakdance s’estompe quasi immédiatement. Seuls quelques amateurs qui sont devenus accros à cette danse continuent à la pratiquer. Leur nombre était comme assez restreint à l’époque, d’où l’importance de se rassembler dans des lieux pour faire perdurer leur passion pour ce style de danse.

Le Trocadéro est un autre site où les premiers breakdancers se donnaient rendez-vous pour s’entraîner dans ce sens. Sinon, ceux-ci improvisaient des figures sur un simple carton dans d’autres endroits moins connus. Les amateurs pouvaient se ruer dans un foyer localisé dans la rue Montorgueil ou dans un local appartenant à Paco Rabanne situé entre le 10ᵉ et le 19ᵉ arrondissement.

bboy trocadero paris

Le quartier des Halles à Paris demeurent le lieu de ralliement officiel des breakdancers

En dépit des âges, les Halles de Paris restent le lieu de prédilection des breakdanceurs. En cause, les locaux mis à disposition des danseurs ferment généralement en fin d’après-midi. Pour pallier ce problème, ces derniers décidèrent alors de se retrouver aux Halles pour continuer leur entraînement. En fait, toutes les villes ont leur spot pour breaker, à Lyon par exemple c’est sur le parvis de l’Opéra de Lyon dans le 1er arrondissement.

A Paris, certaines équipes se rejoignaient même sur ce lieu afin d’épier leurs rivaux, en vue de leur voler certaines figures originales. Ces agissements, normalement interdits, étaient monnaie courante dans le milieu. En effet, des battles ou affrontements avaient lieu dans des clubs, tels que le Globo.

En 1985, la partie couverte du forum des Halles est terminée et Niko Noki est encore le seul à s’y rendre. Cependant, il arrive à attirer de nouveaux adeptes locaux, mais aussi étrangers, à savoir des Italiens. Évidemment, il est difficile de vérifier exactement la portée de cette culture urbaine pendant les années 80.

Pour François Gautret, un autre pionnier dans le milieu, les Halles demeurent à l’époque, le spot français et européen du breakdance par excellence. S’agissant, entre autres, d’un lieu où convergent les lignes de transports métro et celle du RER (voir ici notre article sur la gratuité des transports à Paris). Les jeunes des banlieues aiment s’y rendre pour y passer des journées entières à flâner et à faire du breaking au rythme du Hip Hop.

Même les Américains de passage dans la capitale y font un détour pour apercevoir les breakdancers français en action. Ces derniers devant s’inspirer de leur environnement direct pour créer leurs chorégraphies, à défaut de vidéos en provenance des USA. Par ailleurs, le lieu est considéré comme un véritable laboratoire où l’échange est le maître mot. Une manière de faire progresser le breakdance français en se concentrant sur l’entraînement.

Pour information, plusieurs personnages célèbres du mouvement sont passés par les Halles. Le public a vu défiler Karim Barouche et son frère Majid, mais aussi Rajdi, Scorpio, B-Boy Laos et bien d’autres encore. S’y sont déroulés également des battles mémorables tels que celui opposant Blaise, appartenant au groupe Aktuel, et Solo, issu des PCB.

karim-barouche-bboy

Les règles à respecter pour pouvoir venir breaker aux Halles

En venant faire du breakdance aux Halles, les danseurs savaient qu’il n’y avait pas réellement de rapport d’admiration entre eux. Leur seul souci était d’arriver à dominer leurs adversaires. Sinon, le culte du secret était de rigueur. Personne ne montrait explicitement qu’il apprenait, même si l’observation mutuelle était de mise.

Il faut aussi savoir que venir danser à Châtelet était réservé à des initiés. Le fait est que des règles tacites se sont instaurées au sein de la communauté des breakdancers. Le premier est de devoir saluer toutes les personnes présentes au risque de faire preuve de manque de respect. La partie dans laquelle les breakers dansaient dépendait essentiellement de leur niveau. Plus ils étaient bons, plus ils étaient proches du centre.

Autrement dit, les novices s’exerçaient en périphérie, derrière le poteau et assez près du mur. Toutefois, seuls les amateurs qui étaient sur le point d’effectuer leurs phases clés pouvaient prétendre à défier le centre de l’arène. Ils avaient alors la possibilité de se mesurer aux ténors appartenant par exemple aux bandes des Wanted ou des Vagabonds.

Certains imposent tout de même le respect, à l’instar des breakers des Storm. Cela était aussi le cas lorsque des groupes internationaux, comme les Rock Steady Crew, étaient invités. Peu étaient en mesure de les défier et tous s’agglutinaient autour d’eux pour les admirer. D’autre part, la popularité du breakdance aux Halles a été acquise en partie grâce à des documentaires, particulièrement celui de Jean-Pierre Thorn intitulé “Fait kiffer les anges”.

breakdance et bboy la culture hiphop dans la rue

En résumé

En France, le breakdance est devenu à la mode au début des années 80. Il a failli totalement disparaître par la suite, mais a réussi à revenir en force à la fin des années 90 et au début des années 2000. C’est toujours aux Halles qu’a eu lieu son revival avec des personnalités mixtes, à l’image de Benji, d’Alpha ou de Karima. Jusqu’à maintenant, elle a encore sa place dans l’Hexagone. Pour rappel, Paris accueillera le 21 octobre 2023 prochain la finale de la compétition internationale la plus importante dans le domaine appelée Red Bull BC One. Cette édition se tiendra dans un lieu mythique, à savoir le Stade de Roland-Garros. Une occasion de connaître les meilleurs Bboys et Bgirls du moment.

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